Sous le roman, l’économie
(Le Temps) : ÉDITORIAL. Les romanciers sont-ils hors sol et les économistes sans profondeur? Les deux sphères souvent ne s’apprécient guère, pourtant elles partagent un sujet commun, l’analyse des combats d’un individu pour vivre dans un monde complexe voire hostile Rappelez-vous: Emma Bovary se suicide parce qu’elle a des dettes; Etienne Lantier prend la tête des mineurs parce qu’ils sont exploités; et si Rastignac s’attaque à Paris c’est parce que cet ambitieux veut profiter de la nouvelle fluidité sociale pour pénétrer la bourgeoisie… La structure type d’un roman c’est un héros, une héroïne qui tâche d’exister et de s’en sortir, si possible en améliorant son sort (et celui de ses proches) dans un environnement complexe voire hostile: cela ressemble étrangement à notre destin d’homo oeconomicus, avec ce même défi: comment s’assurer les moyens de survivre, vivre et, éventuellement, faire progresser l’humanité? Le roman est un miroir qu’on promène sur les chemins, disait Stendhal; avec ses fortunes vite faites et vite défaites, la montée en puissance d’une nouvelle bourgeoisie d’affaires et la naissance du prolétariat, l’essor du capitalisme a nourri les romans du XIXe, entre arrivistes, parvenus, grippe-sous, exploités, exploiteurs: de nombreux archétypes incarnant le mal ou le malheur, et quelques figures positives.![«Rastignac, resté seul, fit quelques pas vers le haut du cimetière et vit Paris tortueusement couché le long des deux rives de la Seine, où commençaient à briller les lumières [...] et dit ces mots grandioses : — À nous deux maintenant! » in La Comédie humaine ..
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