Shona Taine: «Il y a un monde entre ce que je pense et la réalité»

(Le Temps) : A 26 ans, elle est horlogère indépendante. Sa marque s’appelle Khemea, «alchimie» en grec. Ses montres sont ses autoportraits Elle a le nom d’une romancière. Mais Shona Taine est horlogère, alors elle écrit des montres. Elle n’en a fait qu’une seule pour l’instant, la première, la plus importante, celle où l’on met tout. «Ma pièce école, mais pour mon entreprise.» Le plus difficile, poursuit-elle, «c’est de ne plus la retoucher». Impossible: cela fait deux ans et demi qu’elle y travaille et la montre n’est pas encore finie. Jusqu’à présent, elle n’a réussi qu’à enchaîner les prototypes dans sa quête «pénélopéenne» de l’absolu. Pour le cœur de sa montre, elle a choisi un tourbillon, une spécialité mécanique. Celui qu’elle a greffé a été conçu par un ami, Olivier Mory, indépendant lui aussi. Ils ont partagé le même atelier plusieurs années, à La Chaux-de-Fonds, lorsqu’elle est venue en Suisse après sa formation d’horlogère à Morteau – elle est Française, de Pontarlier. Pour habiller ce cœur, Shona a conçu tout un spectacle. L’indication de l’heure et de la minute est décentrée à midi, entourée d’une phase de Lune et d’un calendrier à pastilles. Le spectacle se poursuit à l’arrière, soigné comme un petit jardin buissonnant de détails tous plus horlogers les uns que les autres. Cachant sous la surface quelques signatures secrètes.Voir plus ..