Au procès de Genève, un spécialiste ès mendiants décrit un univers d’une grande complexité

  (L'Action) : Cité par la défense des prévenus bulgares, le professeur lausannois Jean-Pierre Tabin préfère ne pas parler de réseaux, mais de situations problématiques. Le cadet de la famille, partie plaignante, estime de son côté avoir été exploité et n’avoir pas eu d’enfance Ce n’est pas tous les jours qu’un spécialiste de la mendicité est cité à la barre des témoins. Jean-Pierre Tabin, professeur à la Haute Ecole de travail social et de la santé Lausanne, a observé les Roms dans la capitale vaudoise pour une recherche. «Une population sur laquelle pèsent énormément de stéréotypes», précise-t-il d’emblée. S’agissant des réseaux, le témoin explique ne pas avoir rencontré de roi des mendiants qui ferait venir des gens et s’enrichirait. «Il y a une forte solidarité intrafamiliale avec tout un jeu de droits et d’obligations. Cela peut aussi conduire à des situations problématiques. Il n’y a pas la solidarité d’un côté et l’exploitation de l’autre. C’est beaucoup plus compliqué d’un point de vue sociologique.» Voilà qui ne va pas simplifier la tâche du Tribunal correctionnel. En Bulgarie, souligne encore le professeur Tabin, cette communauté fait l’objet d’une très forte discrimination et vit dans des conditions extrêmement difficiles. «Les Roms ont des pratiques de survie qui sont davantage liées à cette grande précarité qu’à une culture.» Emigration liée à la pauvreté, avance d’argent pour qu’un membre puisse se déplacer, attente d’un retour et regroupement à l’étranger pour essayer de s’épauler, souvent sous l’autorité d’un patriarche. «Ce sont des gens comme les autres, certains se ..